Dans le cadre d’une initiative de premier plan dans l’industrie, la fonderie de Sudbury – qui fait partie de nos Installations de nickel intégrées de Sudbury – a lancé en 2012 un programme de surveillance biologique du nickel urinaire. Ce programme a été instauré suite à un mouvement visant à stigmatiser, réglementer et interdire le nickel, fondé en partie sur une mauvaise interprétation de certaines informations scientifiques accessibles sur le nickel et en partie sur certaines lacunes dans ces informations.
« Dans le cadre de notre engagement à utiliser des données scientifiques fiables pour lutter contre la désinformation concernant les effets du nickel sur la santé, nous avons lancé un programme de surveillance du nickel urinaire qui permet de faire un suivi sur l’exposition au nickel des travailleurs de la fonderie au fil du temps, souligne Marc Butler, directeur des Affaires réglementaires. Entre les données de surveillance de l’hygiène industrielle, les résultats de la qualité de l’air ambiant et les données sur le nickel urinaire, nous pouvons obtenir une bonne compréhension de l’exposition dans la fonderie. »
Les travailleurs de la fonderie de Sudbury suivent les programmes SafeNickel en gérant les dangers à l’aide de la hiérarchie des contrôles. Les contrôles tels que les systèmes de ventilation, les procédures, l’utilisation d’un équipement de protection individuelle (ÉPI) approprié et le respect de bonnes pratiques d’hygiène afin de maintenir leur exposition à un faible niveau ne sont que quelques-uns des éléments de leur programme d’hygiène industrielle. Bien que le programme de surveillance de l’air de l’hygiène industrielle traite des effets directs de l’exposition au nickel sur le système respiratoire, il ne fournit pas d’informations sur la quantité totale de nickel absorbée dans le corps par toutes les voies ni sur l’efficacité des contrôles sur le lieu de travail pour limiter le degré d’exposition systémique (corps entier) au nickel.
Dès le début, le programme de surveillance biologique du nickel urinaire visait des objectifs importants qui allaient au-delà de la simple documentation des niveaux de nickel urinaire chez les travailleurs de la fonderie. Ce programme a été mis en œuvre pour faire avancer l’objectif Zéro blessure de Glencore et, plus généralement, pour promouvoir d’autres recherches sur l’exposition professionnelle au nickel. Il n’existe actuellement aucune limite professionnelle fondée sur la santé pour le nickel dans les urines.
Le lancement du programme a présenté quelques défis, selon Marc. Certains étaient d’ordre technique, comme atteindre une limite de détection suffisamment faible ou décider de la façon de communiquer les résultats afin de pouvoir les comparer entre les individus et avec d’autres études. Comme pour tout programme volontaire, le recrutement des employés a nécessité de nombreuses communications avec la direction et le personnel afin d’assurer une représentation suffisante tant chez les travailleurs actifs de la fonderie que chez les employés administratifs, qui ont servi de groupe témoin. Marc précise que la participation n’était pas évidente en fait; elle nécessitait du temps et demandait de respecter des procédures précises avant le prélèvement des échantillons. Heureusement, les employés ont quand même participé. Au moment de rédiger cet article, 430 travailleurs avaient été échantillonnés depuis 2012. Au total, plus de 1 250 échantillons ont été prélevés.
Faire ces tests m’a toujours fait me sentir plus en sécurité. Cela démontrait que les précautions et les contrôles faisaient une différence. Je savais que ma protection fonctionnait bien lorsque les résultats revenaient normaux ... il devrait y avoir une file d’attente pour ces tests volontaires; ils vous permettent de savoir ce qui se passe dans votre corps et fournissent des données à votre médecin.
Maneesh Walia - superviseur de production
Maneesh Walia a contribué au programme de surveillance depuis le tout début, alors qu’il était opérateur de production. Devenu aujourd’hui superviseur de production, il se fait toujours tester régulièrement : « Faire ces tests m’a toujours fait me sentir plus en sécurité. Cela démontrait que les précautions et les contrôles faisaient une différence. Je savais que ma protection fonctionnait bien lorsque les résultats revenaient normaux ». Il encourage également ses équipes à participer au programme et pense qu’« il devrait y avoir une file d’attente pour ces tests volontaires; ils vous permettent de savoir ce qui se passe dans votre corps et fournissent des données à votre médecin ».
La participation des employés administratifs du groupe témoin, qui vivent dans la même communauté et ont une exposition semblable au nickel en dehors du travail, s’est avérée particulièrement utile pour déterminer l’impact des ÉPI et des pratiques d’hygiène. Il était encourageant de constater que les travailleurs de la fonderie présentaient des niveaux de nickel urinaire semblables à ceux du groupe témoin et des autres Canadiens. Les niveaux de nickel urinaire ont tendance à être plus élevés dans les groupes les plus exposés d’après la surveillance de l’hygiène industrielle, mais ce rapport est fortement influencé par l’utilisation des ÉPI et des pratiques d’hygiène.
En complétant les résultats de la surveillance de l’hygiène industrielle, le programme de surveillance du nickel urinaire à la fonderie a fourni des informations importantes. Des moyennes et des tendances générales ont été établies pour les employés de la fonderie et les employés administratifs en tant que groupe, ainsi que pour différents sous-groupes d’employés. Les tendances au fil du temps sont utilisées pour évaluer la façon dont les améliorations de procédés, l’utilisation de l’ÉPI et les bonnes pratiques d’hygiène influent sur les niveaux de nickel urinaire. Lorsque le résultat d’un employé est plus élevé que prévu par rapport aux résultats globaux ou aux niveaux historiques de l’employé, un suivi est effectué pour comprendre les raisons possibles de cette augmentation et pour déterminer les façons de réduire l’exposition.
Pour l’avenir, les données de notre fonderie de Sudbury appuieront les travaux de NiPERA (Nickel Producers Environmental Research Association) – qui est la division scientifique indépendante du Nickel Institute – en vue d’élaborer une façon d’évaluer l’exposition au nickel sur une base individuelle. Cette approche est très différente de la plupart des limites d’exposition, qui appliquent une valeur unique à tous les travailleurs.
La nouvelle limite d’exposition biologique (BEAL) sera une limite d’exposition personnelle fondée sur la biologie d’un individu. L’outil initial utilisé pour calculer la limite d’exposition biologique a été élaboré et testé à l’aide des données de notre fonderie. La prochaine étape consistera à obtenir les niveaux de nickel urinaire des autres populations de travailleurs dans l’industrie du nickel. NiPERA souhaite publier les résultats dans une revue ayant un comité de lecture, telle que Regulatory Toxicology and Pharmacology, afin de faire avancer les travaux.
« Nous espérons que notre programme mènera à une approche BEAL non seulement pour le nickel, mais aussi pour d’autres métaux et métalloïdes dans diverses industries », précise Marc avec optimisme.
Nous espérons que notre programme mènera à une approche BEAL [limite d’exposition biologique] non seulement pour le nickel, mais aussi pour d’autres métaux et métalloïdes dans diverses industries.
Marc Butler - directeur des Affaires réglementaires
La surveillance du nickel urinaire chez les travailleurs ne peut et ne doit pas remplacer la surveillance de l’hygiène industrielle. Celle-ci reflète ce à quoi les travailleurs pourraient être exposés par inhalation, soit la voie d’exposition la plus importante pour la toxicité du nickel. Toutefois, le nickel peut entraîner des effets sur la santé autres que sur le système respiratoire, et c’est pourquoi il est nécessaire d’avoir un autre outil – la surveillance du nickel urinaire – pour comprendre l’exposition totale.
Ces travaux se poursuivront, car ils offrent la possibilité avantageuse d’aider nos employés à réduire leur exposition, de faire avancer notre objectif Zéro blessure dans la prévention des maladies professionnelles, d’améliorer continuellement notre rendement en matière d’hygiène industrielle et de promouvoir des approches fondées sur des données scientifiques pour garantir que le nickel est produit de manière sécuritaire et durable.